Kagami Biraki – Cérémonie des Voeux

Le Kagami Biraki, tradition japonaise introduite au Kodokan par Jigoro KANO, revêt une importance toute particulière dans le Judo. Elle permet de se retrouver entre amis de façon conviviale sur les tatamis à l’occasion de la nouvelle année. C’est une façon de retourner aux sources dans les domaines de la technique, de la culture et de la tradition, spécifiques à notre art martial.

Le kagami biraki est célébré traditionnellement le 11 janvier. Dans les dojo, cette fête marque la cérémonie des vœux. Jigoro Kano emprunte le rite annuel aux coutumes des samouraïs. Anciennement, les guerriers se réunissaient pour nettoyer leurs armes et polir leurs armures. Pour les purifier, ils plaçaient devant l’autel un petit miroir (kagami) symbole d’harmonie et d’ouverture et des gâteaux de riz eux aussi en forme de miroir (kagami mochi). La coutume du kagami biraki fut introduite au Kodokan en 1884. Aujourd’hui, de nombreux dojo dans le monde ont repris cette tradition. Elle se déroule selon un même programme : vœux, présentation de kata, randori, remise de grades. Ensuite, les gâteaux de riz sont brisés puis mélangés à une sorte de soupe de haricots rouges prise en commun.

La célébration du kagami biraki reflète certains des mythes fondateurs de la culture japonaise. Kagami signifie miroir. Kagami biraki est souvent traduit par « polir, nettoyer le miroir », « casser le miroir », « le jour des armures », « briser les gâteaux de riz ». De nos jours, l’expression est couramment associée au fait de briser le dessus d’un tonnelet de saké lors des fêtes les plus diverses.

La symbolique du miroir que l’on retrouve dans la sphère du gâteau de riz et dans le couvercle du baril permet un feuilletage de lectures. Dans l’histoire mythique de la création du Japon, le miroir, l’épée et la sphère ou le joyau jouent un rôle symbolique prépondérant. L’emblème du Kodokan à la forme d’un miroir octogonal ou yata no kagami. Selon la légende, le miroir yata, à la différence des autres miroirs, ne reflète pas le visage mais l’âme de celui qui regarde. Le cercle rouge central et le miroir symbolisent ainsi la quête du judoka vers un idéal d’honnêteté et de pureté.

La fête du kagami biraki revêt une fonction sociale. Elle resserre les liens du groupe et entretient un état d’esprit commun. C’est l’expression d’une philosophie de la vie ancrée dans des traditions ancestrales qui perpétue autant l’engagement collectif que l’équilibre individuel.

Source : 
► L’emblème du Kodokan, Yve Cadot, Le Dire en Corps, 2015